Saison 2024-2025: Sur la vie
Avant-propos de Joost Maegerman
Une vie après la mort
Beethoven, Mahler et Rachmaninov sont vivants. Pas au sens strictement biologique du terme bien entendu, mais au travers de leurs héritages musicaux. Leurs émotions sont toujours aussi vivaces et leur personnalité est toujours aussi présente. Leurs compositions sont passées à la postérité et sont autant de traces de leur passage sur cette Terre.
La vie est un long fleuve tranquille
Les débuts de l’existence humaine sont empreints de mystère. Sa fin échappe à l’entendement. Entre la naissance et la mort, l’Homme est en perpétuelle mouvance. La saison dernière, nous nous étions penchés sur l’expression du talent. Cette saison, nous nous concentrerons davantage sur le début et la fin de notre existence ici-bas.
Trompette et Dies Irae
Le mystère de la fin a inspiré une foule de compositeurs : le motif du Dies Irae résonnera dans plusieurs compositions cette saison, de même que dans plusieurs requiems. J’ai déjà hâte d’entendre le Requiem de Mozart (dont Süssmayer écrira les dernières mesures), interprété par l’Antwerp Symphony Orchestra et le Collegium Vocale Gent, sous la baguette de Philippe Herreweghe, où le trombone (« Tuba Mirum ») annonce le Jugement dernier. La trompette tient les premiers rôles dans la programmation cette saison, avec nos solistes d’exception Alain De Rudder, Tine Thing Helseth et Selina Ott. La finalité inexorable de l’existence peut aussi être l’occasion d’un sursaut de vie, comme dans les Danses macabres.
La vie après la mort
De tout temps, l’Humanité s’est interrogée sur les origines du monde et ce qu’il advient de nous, pauvres mortels, après la mort. Les grandes religions ont déjà toutes tenté de répondre à cette question, à grand renfort de concepts tels que la réincarnation ou la résurrection. Qu’il s’agisse du passage dans l’autre monde, de la réunification avec une source divine ou du commencement d’un nouveau cycle de vie après la réincarnation, l’idée d’une existence après la mort laisse entrevoir l’éventualité d’un après porteur de sens.
Survivance et transmission
Les parcours de vie de certains compositeurs se révèlent de leur première à leur dernière œuvre. Citons Mozart et Beethoven, dont les premières et dernières symphonies sont révélatrices.
D’autres ont laissé des œuvres inachevées, pleinement conscients ou non d’une fin imminente. Celles-ci seront terminées ou modifiées par la génération montante, comme Süssmayer l’a fait pour le Requiem de Mozart.
Les générations suivantes ont la lourde responsabilité de continuer à faire vivre ces héritages musicaux. Pour de grands noms comme Rachmaninov ou Mahler, ce sont des fondations qui veillent depuis des lustres sur l’héritage de leur maître. Nous devons aussi savoir comment gérer le patrimoine musical de grands musiciens belges partis trop tôt comme Luc Brewaeys ou Wim Henderickx. Le temps d’un symposium, nous allons approfondir l’héritage de ces compositeurs.
Qu’y avait-il avant le début ? Qu’y aura-t-il après la fin ?
Ces questions reposent sur la vision occidentale de l’existence, où chaque début conduit inévitablement à une fin. Dans d’autres cultures, le temps n’est pas linéaire, mais cyclique. Toute fin recèle en elle un nouveau commencement. À la faveur des happenings de cette saison, nous ferons la part belle aux compositions circulaires ou minimalistes, qui font un écho étonnant aux récentes théories sur la formation de l’univers.
Transmission
Pour cette nouvelle saison, nous vous avons concocté une programmation incroyable qui va, nous l’espérons, à nouveau vous émouvoir et vous inspirer. Considérons le merveilleux héritage musical dont nous sommes les dépositaires et réfléchissons à la meilleure manière de le faire vivre et de le transmettre aux générations futures. Enfin, à cet égard, je voudrais également remercier tous les donateurs qui, dans le cadre du programme Vivace, ont pensé à nous dans leur planification successorale. Par leurs dons, ils participent à notre mission : proposer une offre de qualité aux générations futures de spectateurs. Transmettre, c’est continuer à faire vivre.